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Dans le bulletin de l’OEG de juillet 2023, nous écrivions : « N’oublions pas la Palestine qui est présente dans le cœur de tous les Arabes bien nés, car sinon de grands malheurs arriveront au monde ! »

Quelques semaines plus tard, à l’occasion du 50e anniversaire de la guerre, les Palestiniens ont déployé des militants (environ 800) à intérieur même du territoire israélien où ces militants ont provoqué le décès d’environ mille Israéliens, sans compter les nombreux blessés et les dizaines de personnes prises en otages (on parle de 180) dont de très nombreux militaires hébreux de tous grades. Bien entendu, le Liban est, une nouvelle fois, la victime collatérale d’une conflit où il n’a pas son mot à dire…

Certains y sont allés de leur analyse affirmant qu’il se serait agi de bloquer le processus entre Ryad et le régime de Tel Aviv ou mettant en cause l’Iran. Bien entendu, on y est allé de sa larme ne faisant aucun cas de tous les Arabes et autres assassinés en Palestine, au Liban, en Irak  et ailleurs par Israël, les Etats-Unis et leurs séides.

 C’est oublier un peu vite une occupation israélienne de la Palestine qui dure depuis 1948 ou 1967. C’est oublier également que Gaza est une prison à ciel ouvert, que des milliers de Palestiniens — femmes, enfants, vieillards — ont trouvé la mort à Gaza et en Cisjordanie, que les colons se conduisent comme des nazis , et que ce qu’on appelle l’occident — c’est-à-dire les chiens couchés au pied des États-Unis —, ne représente qu’une trentaine d’Etats ne pesant que 11 % de la population mondiale.

IL ne faut pas oublier que comme disait Ilan Halévy, conseiller juif du président Yasser Arafat, sous Israël il y a la Palestine[1], c’est à dire des millions de Palestiniens humiliés, maltraités, tués sous les bombes de l’aviation israélienne…

Quand nous écrivions « N’oublions pas la Palestine » nous appelions l’attention sur le fait que le général de Gaulle est  aujourd’hui trahi par les prétendus gaullistes, que Rabin a été tué par un extrémiste juif qui préfigurait, hélas, ce qu’allait devenir Israël sous la coupe de Benjamin et de ses alliés, que Yasser Arafat est mort empoisonné… Nous regrettions le temps où des hommes, qui ne s’aimaient pas mais qui savaient qu’ « on ne fait la paix qu’avec son ennemi », pouvaient songer à une paix des braves, une paix garantissant les droits de chacun, la sécurité de toutes les parties et la tranquillité des peuples de la région (Palestiniens, Israéliens, Libanais, etc.)

Oui ! il est temps de faire une paix juste et durable et cesser d’insulter les autres comme ces journalistes à la botte qui reprennent à satiété la formule d’un ministre de Netanyahou affirmant que les Palestiniens sont « moins que des chiens ». 

En tout cas, le crime suprême consiste à oublier que la Palestine et le Liban ne sont pas peuplés de citoyens de deuxième zone. Il serait temps qu’une bonne partie des occidentaux comprennent que la douleur d’une mère palestinienne ou libanaise vaut celle d’une mère juive.

Zeina el-Tibi

Présidente de l’Observatoire d’études géopolitiques (OEG) de Paris

[1] Sous Israël, la Palestine, Minerve, 1978

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