ÉDITO 67 – La monarchie marocaine au coeur du combat contre le COVID-19

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Sur le plan géopolitique, la crise sanitaire due au virus chinois du Covid-19 va avoir des répercussions énormes, avec en premier lieu la fin de l’illusion ultralibérale. Elle marque également le retour du politique sur le stupide primat de l’économie. Elle souligne enfin la supériorité de la monarchie sur les systèmes soumis aux aléas de l’élection et aux lobbies de toute sorte. C’est pourquoi, le Maroc s’en sort mieux que d’autres.

La fin de l’idéologie ultralibérale

D’abord, cela remet en cause de nombreux mythes de la pensée unique : la fable de la mondialisation heureuse, ce libéralisme absolu qu’on nous a présenté comme inéluctable au motif qu’il aurait triomphé du système communiste – ce qui est naturellement une blague car le communisme s’est effondré tout seul en URSS mais il subsiste en Chine où il s’accommode fort bien du libéralisme.

Ensuite, on revient surtout à la réalité, à savoir que c’est l’État seul qui protège, l’État seul qui garantit les services publics, l’État seul qui peut faire face aux graves crises. La fin des idéologies mondialo-libérales, dont le mythe européiste, marque donc le retour de l’État-nation d’un nouveau paysage géopolitique. La crise due au Covid-19 a été traitée par l’Asie, en Chine, au Japon à Singapour, à Taiwan et en Corée du Sud. Ces pays ont fait face à la crise avec beaucoup d’efficacité, alors que dans les pays de l’Union européenne et aux États-Unis, a prévalu l’incertitude et la pagaille. Il est notable que certains pays du Sud, se sont mieux tirés d’affaire que d’autres du Nord. L’OMS vient de déclarer que la Tunisie sortira sans trop de dégâts de la crise épidémique. Le Maroc est aussi un cas très intéressant.

Le Maroc s’en sort mieux

Face au Covid-19, le Maroc a fait preuve de deux qualités dont pourraient s’inspirer les pays occidentaux: d’abord la capacité à produire de quoi subvenir aux besoins vitaux ; ensuite, celle de réunir un large consensus national pour mobiliser ses forces vives et les canaliser dans le but de juguler une menace.

Le Royaume est à l’avant-garde pour endiguer le Coronavirus, notamment en mettant en place un système de confinement très strict et en mobilisant des ressources médicales, financières (création d’un Fonds spécial pour la gestion de la pandémie) et humaines pour protéger ses citoyens. La stratégie marocaine a été saluée au niveau international, non seulement pour l’efficacité de sa mise en œuvre, mais aussi pour l’implication de toutes les institutions et les composantes de la société marocaine. Au lieu de s’en remettre à des commandes parfois incertaines à l’étranger, l’État marocain a mobilisé l’industrie textile locale pour produire des millions de masques par jour. Autre effet positif de l’effort national, les masques ont pu être distribués rapidement et en grands nombres dans les services médicaux, les pharmacies, les commerces de proximité, les supermarchés et les grandes surfaces, grâce à la mobilisation des réseaux logistiques de la grande consommation y compris dans les villages reculés ou les zones montagneuses.

L’exception marocaine

Surtout, le Maroc s’en sort mieux parce qu’il y a une autorité claire, la monarchie qui réunit l’indispensable consensus – c’est-à-dire le consentement profond, l’adhésion de l’ensemble d’une population vivant dans un cadre déterminé à un type de pouvoir – qui assure la légitimité d’un État.

C’est précisément à la réalité nationale que ne cesse de renvoyer le roi Mohammed VI, et cela est bien naturel puisqu’il en est le dépositaire. Parce qu’il « ne s’agit pas de refaire le monde, mais juste de faire évoluer son pays vers de meilleurs horizons sans pour autant le détruire et le plonger dans l’inconnu », l’essentiel consiste à continuer à construire une nation moderne et à devenir un pays émergent, tout en s’appuyant sur ses fondamentaux.

Il s’agit de faire en sorte que l’époque de la modernisation ne soit pas celle des aventures sans lendemain. Qui, mieux que la monarchie peut concilier cette double exigence ? Qui, mieux que le roi peut penser une stratégie à long terme, reposant sur une vision cohérente ? Il y a donc une incontestable exception marocaine qui est, sans aucun doute, due à la vision prospective et stratégique de la monarchie, Dans sa sagesse, le peuple marocain sait combien la monarchie est une condition de l’unité nationale, du respect des intérêts du Maroc sur la scène internationale et des progrès du pays. Et si l’exception marocaine résidait tout simplement dans le fait que, là où d’autres s’agitent en tous sens, tâtonnent ou sont frappés d’une sorte de paralysie cadavérique, le Maroc poursuit son évolution dans la stabilité ? Il est clair que cette exception porte un nom, celui d’une monarchie qui n’est pas limitée à l’instant et n’a pas comme unique champ de vision les échéances électorales et les petits calculs politiciens. Au contraire, elle s’inscrit dans le temps long, c’est pourquoi elle peut planifier et voir loin.

Comme y invitait Charles de Gaulle, il faut considérer l’histoire comme une science pure dans le respect du passé commun, contestant toute interprétation dogmatique, idéologique ou partiale qui conduirait au dénigrement des longs siècles de la formation de la nation, laquelle est naturellement l’objet essentiel d’un droit gouvernement. Selon la grande philosophe Simone Weil, la nation est porteuse d’un humanisme car l’homme est société et non un individu sans feu ni lieu : « la nation seule […] joue le rôle qui constitue par excellence la mission de la collectivité à l’égard de l’être humain, à savoir assurer à travers le présent une liaison entre le passé et l’avenir. En ce sens, on peut dire que c’est la seule collectivité qui existe dans l’univers actuel».

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Directeur général de l'OEG.